• Engagez-vous, qu'ils disaient, engagez-vous!

    Le fonctionnaire a-t-il le droit de sortir de sa réserve ? Oui si l’on en croit les discussions dont rend compte ce jour La Gazette après le séminaire du 6 juillet au Sénat. Cette rencontre était organisée par les élèves administrateurs de l’INET (Institut national des études territoriales), des élus locaux, des professionnels et des experts. Ce colloque, intitulé « 7,8, 9  janvier… et maintenant on fait quoi ? »,  survenait au lendemain des attentats de Tunisie et 6 mois après ceux de Paris.

    Laïcité, citoyenneté, politique de la ville, radicalisation : voilà quelques-uns uns des thèmes débattus. Les participants ont réaffirmé le besoin de clarifier la notion de laïcité. Ils ont discuté  de l’engagement citoyen, y compris celui des fonctionnaires. Enfin, ils ont souligné le rôle central des collectivités pour prévenir la radicalisation. 

    Pour Patrick Molinoz, maire de Vénarey-les-Laumes (PS), vice-président du groupe de travail « Laïcité » de l’(AMF (Association des maires de France), « Il faut prêter attention à ne pas donner de qualificatif à la laïcité: souple, rigide, à la française, etc… A partir du moment où ce principe est qualifié, il est affaibli ». 

     

    Déblocage

    La sociologue  Murielle Maffessoli, directrice de l’ORIV (Observatoire régional de l’intégration et de la ville, estime quant à elle qu’on méconnait la laïcité. On oublie, dit-elle que la laïcité est un principe juridique et non « une valeur ». 

     Sur les causes du rejet de la laïcité, certains participants ont évoqué la non-reconnaissance du droit de vote pour tous. C’est « un élément bloquant à l’unité nationale » . Un des participants précisera: « comment convoquer l’unité nationale le dimanche 11 janvier après les attentats contre Charlie Hebdo, alors que cette unité nationale n’existe pas la veille et n’existera plus le lendemain ? Ne faut-il pas aussi se poser la question du droit de vote pour tous».

     Bien sûr les considérations budgétaires sont importantes pour améliorer l’accès aux soins, à la justice, à la sécurité, à l’éducation. Mais la mixité sociale est tout aussi importante. Le problème est qu’on s’efforce de faire de la mixité dans les quartiers populaires alors qu’il faudrait en faire dans les quartiers résidentiels, ont indiqué des participants.

    Pour lutter contre la radicalisation expliquera l’un d’eux, rien de tel qu’apprendre aux jeunes à parler, à développer leur esprit critique et à faire « reconnaître que leur parole leur parole a de la valeur » 

     Pour Adeline Hazan, contrôleur général des lieux de privation de liberté, maire de Reims et présidente de Reims Métropole de 2008 à 2014, « même si le phénomène est important, l’essentiel de la radicalisation se fait en amont de la prison. Le rôle des collectivités territoriales est donc évident, ne serait-ce qu’en matière de prévention et d’accompagnement social. Le djihadisme n’est pas assimilable à un projet sectaire, ce serait trop simple. Daesh propose un véritable projet politique à des jeunes sans projets de vie, en décrochage ou au chômage, qui y voient une opportunité ». Voilà de quoi relancer un autre débat : sur celui de l’opportunité ou non de dialoguer avec ceux que l’on appelle « terroristes ».

    Le débat en a intrigué certains comme François Deluga, président du CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale : « J’avoue avoir été assez intrigué par le programme de votre colloque. En vertu du devoir de neutralité et de loyauté qui s’impose à eux, il est rare que les agents publics territoriaux réfléchissent sur l’engagement citoyen ou le vivre-ensemble ».

     

    Comme le conclut La Gazette : « Les fonctionnaires ont-ils le droit de débattre de laïcité, de l’utilité de ce principe mais aussi du fait qu’il soit ressenti de manière clivante par une partie des Français ? Sont-ils encore dans leur rôle lorsqu’ils appellent le gouvernement à accélérer la résorption de « l’apartheid territorial, social et ethnique » décrit par Manuel Valls ? Leur revient-il de faire la promotion de l’ouverture du droit de vote aux étrangers non-communautaires, ou encore d’interroger la déconnexion des pouvoirs publics avec la réalité du terrain ? Oui, oui, trois fois oui, selon les futurs administrateurs territoriaux. 

    Source : La Gazette

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :